Dernier briefing

En milieu d'après-midi, après de longues heures de marche et une rapide pause, nous sommes tous invités à rejoindre la tente messe.

Alors que nous profitons de notre thé bien chaud, Freddy prend la parole pour un tout dernier briefing.

Notre guide détaille le déroulement de l'ascension à venir. Nous partirons de nuit, à la suite de quelques heures de sommeil.

Isabelle prend ensuite le temps de répondre à chacune de nos questions, précisant notamment ce dont nous devrons nous vêtir.

Nous apprenons malheureusement que certains d'entre nous ne pourrons pas tenter le sommet cette nuit en raison de petits problèmes de santé.

Pour le reste du groupe, le rendez-vous est pris pour 22h30 avec pour objectif de nous mettre en marche avant minuit.

Suivant les directives, nous préparons nos affaires et nous endormons, non sans difficulté.

Montée d'adrénaline

« C'est parti mon Kili ! », crie un guide.

Nos yeux s'ouvrent, la tente est toujours plongée dans le noir. Chants et cris d'excitation retentissent au dehors réveillant les aventuriers un par un.

La tension monte rapidement. Nous allumons nos lampes frontales en lumière rouge afin d'en économiser les batteries et nous habillons chaudement.

Nous enfilons couches sur couches de la tête au pied, terminant par notre pantalon de ski, nos chaussures de trekking et notre manteau de ski.

Finalement, nous sortons de notre tente et rejoignons tant bien que mal celle du groupe où un rapide petit déjeuner nous attend.

Le réveil semble difficile pour nombre d'entre nous. Nous mangeons peu, les visages tendus et concentrés.

Isabelle nous motive, nous pouvons tous arriver en haut. Un rêve, à portée de main.

Freddy et quelques guides entrent alors, le sourire au lèvre. « C'est le moment ! Vous aller monter au sommet. Kilimanjaro, Hakuna Matata ! » (Kilimanjaro, sans problème)

Ainsi, sous le chant des guides que nous reprenons en cœur, nous attrapons nos sacs et bâtons, plaçons nos poches d'eau sous nos vêtements pour ne pas qu'elles gèlent et quittons la tente.

L'ascension nocturne

Nous sommes immédiatement plongés dans l'obscurité et la fraîcheur de la nuit.

Les lampes frontales s'allument les unes après les autres et la file se met en place. De nombreux guides nous encadrent et Freddy prend la tête du groupe.

Malgré la lueur de la lune et le petit serpentin de points lumineux que représente le groupe, nous ne savons plus nous repérer dans ce sombre paysage.

« 4800 mètres ! Nous sommes sur le Mont Blanc ! » s'enthousiasme l'un de nous, les yeux rivés sur son altimètre.

Puis nous perdons la notion du temps.

Nous faisons un pas, puis un autre, et encore un, chacun plus difficile que le précédent.

Il fait trop froid. De ce fait, les pauses sont rares, et courtes. À peine le temps d'une gorgée d'eau et d'une sucrerie, qui commencent à geler dans leur pochette, et il faut déjà repartir.

Au ralenti, les minutes passent comme des heures. Et puis plus rien.

« Don't sleep ! »

Ne pas dormir. Nos yeux s'ouvrent à nouveau et nous nous concentrons pour les garder ainsi malgré la fatigue, le vent qui souffle et les -25°C que nous endurons.

Mais que fais-je ici ? Pourquoi m'infliger un tel tourment ? Je voudrais rebrousser chemin, retrouver la tente et mon sac de couchage.

Mes paupières sont lourdes, les pas incertains, les bras las et le corps faible.

Un chant retenti soudain et quelques cris d'encouragement l'accompagnent.

Nous devons tenir jusqu'au lever du jour. Oui, nous tiendrons.

Au lever du soleil

Délicatement, l'horizon se teint d'une faible lueur bleutée.

À chaque longue et éprouvante minute qui passe, cette lumière se renforce. Mais le froid, lui, reste plus longuement.

Plusieurs heures de lute plus tard, les tous premiers rayons du soleil nous atteignent, rendant finalement au paysage toute sa superbe.

Autour de nous, les crêtes enneigées, le sentier bordé de ses roches gelées et les couleurs des membres de l'expédition apparaissent.

Oubliés la fatigue, la froidure et les petites douleurs. Le sommet est proche !

Sur le toit de l'Afrique

L'émotion nous submerge au moment d'apercevoir le panneau de Stella Point, 5756m.

Nous y sommes ! Sur le toit de l'Afrique !

C'est un véritable soulagement et un exploit pour nous, qui ne sommes pas habitués à ce genre d'expédition en Haute Montagne.

Nous partageons quelques mots de félicitations et prenons les rituelles photos au sommet.

Bien qu'une bonne partie du groupe poursuivra l'aventure deux heures supplémentaires jusqu'au plus haut point du sommet, Uhuru Peak, 5895m, nous sommes trop exténués pour aller plus loin.

Notre objectif est pleinement rempli et nous prendrons rapidement le chemin de la descente avec quelques autres aventuriers.

Nous ne réalisons pas à ce moment tout ce que cette aventure nous a apporté et, quelques mois plus tard, nous ne sommes toujours pas sûr d'être vraiment revenus de cette incroyable expédition.